Raconter Octobre, je ne sais pas si je vais en être capable. Y a les mots à trouver dans ma tête. Y a ce qui s'est passé à sortir de mon ventre. Je n'ai jamais raconté ça à personne. Pas même à moi. Je n'ai jamais voulu revivre ça dans ma tête. C'est affreux la mort. Affreux à dire, affreux à porter. Je ne suis pas capable de me justifier. Je ne parviens pas à me dire "c'est moi". C'est impossible. C'est quelqu'un d'autre.
Ça fait plus de douze ans maintenant. C'est loin. C'est aussi tout proche. Tu sens parfois, pas tout le temps, par chance, que ça vient juste d'arriver. C'est dans la tête, dans ton ventre. Tu te sens mal à l'aise. Tu es comme gêné. Il faut que tu penses à autre chose. Ça fait mal. Autant j'ai vécu ça, autant j'ai cherché à l'oublier. Mais c'est toujours là. Ça va toujours être là. Je ne sais pas comment dire ça. D'un côté j'ai le goût de tout dire. J'en ressens le besoin. Je crois que c'est nécessaire. De l'autre côté, j'ai comme "la chienne". J'ai peur. C'est difficile. Mais j'ai le goût. J'ai le goût de dire tout ça. J'ai le goût de fermer la boîte à ceux qui écrivent sans rien savoir, sans n'avoir rien vécu avec leurs tripes. Je suis fatigué de les entendre radoter. J'ai le goût de tout me dire. J'ai le goût de tout me raconter. J'ai le goût comme d'en finir avec Octobre...
SIMARD, Francis; Pour en finir avec Octobre, pag. 15
Ça fait plus de douze ans maintenant. C'est loin. C'est aussi tout proche. Tu sens parfois, pas tout le temps, par chance, que ça vient juste d'arriver. C'est dans la tête, dans ton ventre. Tu te sens mal à l'aise. Tu es comme gêné. Il faut que tu penses à autre chose. Ça fait mal. Autant j'ai vécu ça, autant j'ai cherché à l'oublier. Mais c'est toujours là. Ça va toujours être là. Je ne sais pas comment dire ça. D'un côté j'ai le goût de tout dire. J'en ressens le besoin. Je crois que c'est nécessaire. De l'autre côté, j'ai comme "la chienne". J'ai peur. C'est difficile. Mais j'ai le goût. J'ai le goût de dire tout ça. J'ai le goût de fermer la boîte à ceux qui écrivent sans rien savoir, sans n'avoir rien vécu avec leurs tripes. Je suis fatigué de les entendre radoter. J'ai le goût de tout me dire. J'ai le goût de tout me raconter. J'ai le goût comme d'en finir avec Octobre...
SIMARD, Francis; Pour en finir avec Octobre, pag. 15
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